11, 12, 13 février 2026

“Dans la période actuelle, les économistes prennent toute leur importance dans l’acte de construire ”

Nouvelles

“Dans la période actuelle, les économistes prennent toute leur importance dans l’acte de construire ”

16-11-2023

Hausse du coût des matériaux, pénurie, construction bas carbone, recrutement… pour Nordbat, Camille Laffargue, président par intérim de l’Untec Hauts-de-France évoque ces sujets qui impactent sa profession d’économiste de la construction.

 

Comment se porte le secteur de la construction? 

Nous sommes dans une période particulière du fait du contexte économique et géopolitique. Le secteur de la construction de logement neuf se révèle vraiment très compliqué, notamment pour les promoteurs, qui travaillent pour eux comme pour les bailleurs. En tant qu’économistes, nous prenons toutefois toute notre importance dans l’acte de construire. En effet, les maîtres d’ouvrage souhaitent chiffrer leurs projets avec des économistes indépendants avant de lancer leurs opérations. On nous appelle alors pour vérifier les coûts de construction. Au sein de l’Untec, notre activité est bonne, nous sommes même parfois surchargés en raison des difficultés de recrutement.

Je constate donc que les économistes commencent à être de plus en plus reconnus et sollicités. Mais en région, je déplore l’aspiration des profils par la métropole lilloise, ce qui nous empêche de recruter dans des agences moins centrales. 

 

Quels sont les impacts de la hausse du coût des matériaux?

Nous avons connu une période transitoire avec une courbe des prix exponentielle qui s’est aujourd’hui calmée. Cela nous a obligé à faire beaucoup de statistiques, de projections, ce que nous arrivons à réaliser plutôt en cohérence grâce aux différents BT (NDLR : index bâtiment). Mais nous avons quand même dû réajuster les prix. À chaque chiffrage, nous nous remettons aussi toujours en question et n’hésitons pas à multiplier les contacts avec les industriels. Pour objectiver cette tendance, l’Untec travaille d’ailleurs sur l’Observatoire des coûts en partenariat avec l'Institut de recherche et d'information économique de la construction (Iriec). Un site avec l’ensemble des résultats devrait être prochainement mis en ligne.

 

Est-ce que cela vous pousse à modifier vos prescriptions de matériaux?

Nous ne préconisons pas forcément de nouveaux matériaux, les produits étant globalement restés disponibles. Certes, nous avons parfois dû nous adapter selon certaines typologies de projets, mais malgré la hausse des prix, les produits étaient disponibles grâce à un gros travail d’anticipation sur les commandes. Cela nous permet de bloquer les coûts et de s’assurer de la disponibilité des marchandises. Le prix de certains produits présentant un bon rapport qualité-prix s’est en revanche parfois envolé, ce qui nous a obligé à un peu changer nos prescriptions.

 

Avec la RE2020 et la loi AGEC, les matériaux biosourcés ont le vent en poupe. Est-ce une réalité sur les chantiers ? Quels sont encore les freins pour construire bas carbone?

Nous avons toujours cette volonté de mettre des produits bas carbone, notamment en raison de la RE2020 ou d'initiatives locales comme la Charte bas carbone de la ville de Lille. Mais nous sommes souvent rattrapés par la réalité économique des budgets des maîtres d’ouvrage. Oui, nous essayons, mais ce n’est pas toujours évident. Je pense que les prochaines années, avec le développement de la demande sur ce type de matériaux, l’habitude de leur mise en œuvre par les entreprises comme leur appréciation par les bureaux de contrôle seront favorables à leur démocratisation. Je constate par ailleurs que la question de leur usage intervient désormais dès le début de la phase de conception. Il y a une évolution favorable vers ce sujet. Chez les économistes aussi. À titre d’exemple, les formations sur les matériaux biosourcés ont été réalisées en région Hauts-de-France par l’Untec et cela a été une franche réussite au regard du nombre de participants.

 

Comment abordez-vous la construction hors-site au sein de l’Untec?

C’est un mode de conception et de production très différent de la construction traditionnelle, qui exclut souvent les PME. D’autant plus si elles ne maîtrisent pas la maquette numérique et le BIM, qui sont pour moi très liés.

 

Que représente le salon NORDBAT pour l’Untec?

On se doit d’être présents sur NORDBAT! C’est nécessaire pour montrer l’importance de notre profession et de nous intégrer dans les équipes de maîtrise d'œuvre. Il représente aussi une occasion de rencontrer les étudiants et d’être plus proche des filières scolaires pour expliquer notre métier.

 

Le carrefour des industriels de l’Untec réunit toujours un grand nombre d’économistes de la région

 

Rédaction : Julie Dumez

Actualités connexes

21-11-2023

Avec sa conception en matériaux biosourcés et locaux, l’école de Gommegnies dans l’Avesnois se pose en modèle de “frugalité heureuse”. Visite d’un chantier hors du commun.

16-11-2023

Le projet des Jetées, appelé également Bogen, fait partie d’un ensemble remarquable qui trace un trait d’union entre la ville et le Rhin. Il concentre également une architecture raisonnée, vigoureuse et sensée qui s’élève vers le ciel comme un totem. L’agence Pietri Architectes a mis tout en œuvre pour un résultat attrayant.

Ce site web utilise des cookies pour vous offrir une meilleure expérience lorsque vous visitez ce site. En savoir plus sur les cookies