Élu président de la FFB Nord-Pas-de-Calais le 16 septembre dernier, Didier LAHURE, dirigeant d’Everest Group, revient ici sur les enjeux du secteur, les priorités de son mandat et sa vision pour « une Fédération utile, innovante et proche de ses 2500 adhérents.

Vous dirigez Everest Group, basé à Saultain. Quel est votre cœur de métier ?

Cela fait 12 ans que j’exerce dans le domaine du bâtiment. J’ai d’abord repris Electroteam, entreprise d’électricité industrielle, puis S.H.E.G.I., spécialisée dans l’électricité tertiaire. Enfin, AJ Telecom qui œuvre dans les réseaux et infrastructures télécoms et l’infogérance. Les métiers de ces trois structures sont complémentaires et touchent à l'intelligence industrielle et au building automation. Le groupe réalise aujourd’hui 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 80 collaborateurs dans un bâtiment intelligent qui intègre toutes les technologies innovantes que nous proposons. Je reste par ailleurs membre des Conseils d’administration du GRET (Groupement Régional de l’Equipement Technique) et de la FFIE (Fédération Française des Intégrateurs Électriciens) Nord-Pas-de-Calais et nationale.

Quelles sont les priorités de votre mandat à la FFB Nord-Pas-de-Calais ?

Face aux transitions majeures à l’œuvre dans le secteur du bâtiment, nous avons identifié plusieurs axes prioritaires.

D'abord, accompagner les entreprises face à la transition écologique. Ce n’est pas une évidence pour les plus petites structures. Il faut du temps, des moyens, un accompagnement ciblé.

Ensuite, revaloriser l’image du bâtiment pour faire face aux difficultés de recrutement. Les opérations Team Bâtisseurs, que nous avons lancées, ou encore les WorldSkills, vont dans ce sens. Il faut montrer que nos métiers sont en mutation, qu’ils sont innovants, porteurs de sens, et qu’ils offrent de vraies trajectoires professionnelles.

La façon de construire change. Le bâtiment évolue : nous devons être à l’avant-garde des technologies. Nous portons d’ailleurs un projet de construction d’un nouveau siège pour la FFB Nord-Pas-de-Calais, qui sera une vitrine d’innovations : matériaux, procédés, IA, performance énergétique, etc. L’intelligence artificielle, notamment, ne doit pas faire peur : elle doit être appréhendée comme un outil au service de la performance. Autre priorité : prévenir les difficultés des entreprises. Nous avons mis en place le dispositif CAP (Coach Action Prévention) pour accompagner celles qui rencontreraient des difficultés. La fin des PGE post-Covid risque d’entraîner une vague de défaillances. Il faut anticiper. Enfin, la sécurité sur les chantiers reste une préoccupation majeure. Avec l’OPPBTP, nous allons travailler à l’élaboration d’un référentiel pour mieux accompagner les entreprises et protéger nos compagnons.

Toutes ces actions ont un objectif commun : défendre nos entreprises face à la pression croissante des réglementations et des contraintes fiscales. 80 % des entreprises du bâtiment ont moins de 50 salariés. Il est impératif que les politiques publiques en tiennent compte.

Comment se portent les entreprises de bâtiment du territoire ?

Globalement, les carnets de commande sont bien remplis. En revanche, les trésoreries souffrent. Seules 15 % des entreprises sont payées dans les délais. C’est une réalité inacceptable dans un secteur qui subit déjà de fortes tensions sur les marges. L’exemplarité doit venir du haut. Le logement neuf est en crise, mais la rénovation tire le secteur. Les bailleurs sociaux jouent un rôle moteur en engageant des rénovations massives de leur parc. Notre défi est d’aider les entreprises à opérer ce virage.

Crise du logement, atermoiement de Ma Prime Rénov, … Qu’en pensez-vous ?

Sur le logement neuf, nous militons pour la création du statut de bailleur privé : le marché est grippé, faute de leviers incitatifs clairs et stables. Il est urgent de restaurer la confiance des investisseurs. Quant à MaPrimeRénov’, son arrêt mettrait en grande difficulté de nombreuses entreprises et freinerait les intentions de rénovation des citoyens. Le dispositif doit être à la fois simplifié et mieux contrôlé. Nous demandons des moyens accrus pour sanctionner les fraudeurs, car ils ternissent l’image de nos entreprises.

La FFB sera présente au salon NORDBAT. Pourquoi est-ce important ?

NORDBAT est bien plus qu’un salon : c’est une vitrine de nos métiers et de nos savoir-faire, un temps fort d'échanges entre professionnels, pouvoirs publics et élus, architectes, bureaux d'études et fournisseurs. Les discussions que nous y avons permettent de comprendre nos enjeux respectifs pour mieux travailler ensemble à l’avenir. Cette édition se tiendra à la veille des municipales : un contexte idéal pour rappeler le rôle économique, social et environnemental du secteur. Nous voulons y montrer notre fierté de construire, de rénover, de faire vivre le patrimoine et de former les compétences de demain.

Rédaction : J.D