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FÉVRIER 2026

Vers un ANRU 3 social ?

Nouvelles

Vers un ANRU 3 social ?

19-06-2025

À l’occasion d’une visite dans la métropole lilloise fin mai, Patrice Vergriete, président de l'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine, s’est prononcé pour un acte III de l’ANRU qui, s’il voit le jour, devra articuler construction et action sociale.

 

La Ville de Lille, la MEL, la SPL Eurallille, le bailleur LMH… Au-delà de leurs clivages politiques, les acteurs de la réhabilitation des quartiers lillois s’accordaient sur un point en ce mercredi 28 mai, jour de visite de Patrice Vergriete, le nouveau président de l'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine. Il faut un ANRU 3 ! Créée en 2004 pour restructurer les quartiers classés en zone urbaine sensible, l’Agence nationale pour le renouvellement urbain ciblait à l’époque 600 quartiers pour un montant de 12 milliards d’euros de subventions. Le programme s’étalait alors sur quinze ans. En 2014, rebelote. Le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain visait cette fois 450 quartiers populaires pour des travaux censés s’achever en 2030. « Aujourd’hui, la totalité des projets est contractualisée; 80 % des travaux sont engagés » résumait Patrice Vergriete devant la tour Kennedy de Loos en passe d’être foudroyée.

 

Un programme inachevé

Et maintenant ? « Je me bats pour qu’il y ait un ANRU 3 » assurait Patrice Vergriete, conscient du défi à convaincre les financeurs de l’ANRU (à savoir le 1 % logement – aujourd’hui Action Logement –, l’État, les bailleurs sociaux et les collectivités locales) en ces temps de disette budgétaire. En déambulant entre les barres d’immeuble du quartier Concorde, l’ex-ministre du logement aura peut-être trouvé quelques images argumentatives.  Dans ce secteur populaire au sud de Lille, sur les parcelles libérées après démolition, de premiers travaux de construction d’immeubles flambants neufs vont commencer avant la fin de l’année.  En face de barres cinquantenaires qui elles, non concernées par le programme, resteront intactes. « Imaginez le sentiment d’injustice et d’inégalité pour les habitants encore dans le jus de vieux logements juste à côté d’autres ayant bénéficié de la rénovation » résumait Patrice Vergriete.

 

Articuler le social et l’urbain

 D’inégalité et injustice, il était encore question à l’évocation de la forme que pourrait prendre un éventuel ANRU 3.  « Il faut développer un ANRU social. Changer les murs ne suffit pas. Il faut aussi améliorer les conditions de vie des gens » jugeait Arnaud Deslandes, successeur de Martine Aubry à la mairie de Lille. Accès aux soins, alphabétisation, retour à l’emploi… Financé aujourd’hui par les collectivités, l’accompagnement social des familles en difficulté dans ces quartiers devrait être selon lui porté par l’ANRU.  Mis en œuvre par qui ? « Par la ville et les interco » selon Patrice Vergriete, « l’ANRU, ce n’est pas tout à fait un guichet, mais ça reste du financement avant tout. Ce sera toujours aux acteurs locaux de mettre en œuvre cette politique pour articuler l’urbain et le social. »  Là aussi il faudra convaincre en haut-lieu pour voir un nouvel ANRU dans le projet de loi de finances 2026. Début juin, le gouvernement, par la voix de Valérie Létard ministre du Logement, annonçait le versement de 116 millions d’euros en 2026 pour l’ANRU 2 (2014-2030). De bon augure pour la suite ?

 

Encadré : un reliquat de 60 millions

De l’aveu même de Patrice Vergriete, président de l'ANRU (Agence Nationale de la Rénovation Urbaine), il reste un peu d’argent à distribuer au titre du NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain). Quelque 60 millions d’euros, reliquat de projets non aboutis ou moins onéreux qu’annoncé. Une paille comparé aux 12 milliards de budget de cet « ANRU 2 » visant la réhabilitation de 450 quartiers populaires entre 2014 et 2030. Mais une vraie fortune pour certains projets locaux, tels la rénovation du quartier Concorde au sud de Lille, l’un des 14 sites de la métropole de Lille visé par le NPNRU. Ce programme de démolition-reconstruction-requalification évalué à 400 millions d’euros est pris en charge à 25% par l’ANRU. « Il nous faudrait 10 millions supplémentaires pour finaliser deux opérations : la restructuration de la résidence Renoir, porte d’entrée du quartier, dont la réhabilitation coûte plus cher que prévu et la démolition d’une barre de logements obscurcis par la construction d’un mur anti-bruit le long de l’autoroute » plaide Maxime Bitter, directeur du bailleur LMH. Réponse à la mi-juillet du comité d’engagement national de l’ANRU regroupant les financeurs du dispositif (Action Logement à 70%, l’Etat 10% et l’USH à 20 %).

 

La crèche Madeleine Bresse est la première réalisation estampillée ANRU du  quartier Concorde au sud de Lille, l’un des 14 sites de la métropole de Lille visé par le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain.

 

En visite dans le quartier Concorde (de g à d) : Maxime Bitter, directeur de LMH (Lille Métropole Habitat), Anne Voituriez, maire de Loos vice-présidente de la Métropole européenne de Lille (MEL) chargée du logement et présidente de Lille Métropole Habitat (LMH), Arnaud Deslandes, maire de Lille et Patrice Vergriete, directeur de l’ANRU.  

 

Rédaction : Alexandre Lenoir

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