À Lille, la future cité administrative s’érige pour atteindre la performance passive. Reportage sur un chantier hors-normes, le plus grand au nord de Paris.

Dans le quartier lillois de Porte des Postes en pleine requalification urbaine, c’est l’effervescence. Depuis janvier 2022, le chantier de la future cité administrative a débuté sous la houlette de Bouygues Bâtiment Nord-Est. L’Etat a confié aux architectes des agences Valode & Pistre et Coldefy le soin de concevoir cette cité hors normes, sans doute actuellement le plus grand chantier au nord de Paris. Avec au programme pour accueillir quelque 2 000 agents de 18 directions : 38 400 m², 5 bâtiments desservis par une rue intérieure et 480 places de parking. En véritable village, elle accueillera en outre des bureaux flexibles et modulables, des salles de réunion et de formation, des espaces de pratiques sportives et culturelles, des cafétérias ainsi qu’une crèche.

Étape du gros œuvre sur le chantier de la cité administrative de Lille.

Premier bâtiment passif européen

Surtout, la cité administrative vise des performances jamais égalées pour un bâtiment de cette envergure. “C’est notre fleuron !” s'enorgueillit José Liotet, président de Bouygues Bâtiment Nord-Est, qui évoque ce chantier comme un “laboratoire extraordinaire” des nouvelles manières de construire. Pour décrocher les labellisations Passivhaus, E3C1, Osmoz et Effinature, les concepteurs misent sur une architecture bioclimatique et sur le low-tech. La part belle est faite aux matériaux biosourcés - isolants, blocs de chanvre, peinture aux algues - soit pas moins de 700 tonnes mises en place dont 400 tonnes de bois massif. De surcroît, 6 000 m³ de béton à moindre impact carbone participent à la décarbonation du lieu. Et le triple vitrage bénéficiera aux usagers, apportant confort calorique et acoustique.

Au rang énergétique, ce marché public global de performance engage les signataires sur une consommation de 79,4 KWHEP/M².AN, via une exploitation-maintenance conclue pour une durée de cinq ans. La future cité administrative se distinguera, par ailleurs, par ses extérieurs végétalisés puisque l’on retrouvera 10 000 m² de jardins et terrasses suspendus. Ces espaces comprendront 7 typologies de natures locales comme le bocage ou le biotope des terrils en passant par des pelouses calcaires se posant en refuges de biodiversité.

Construction de la rue en bois traversant les cinq entités de la Cité administrative.

Le planning, enjeu majeur du chantier

Au terme de 24 mois de travaux intenses, l’État, maître d’ouvrage, aura investi 107 millions d’euros (dont 95,5 millions d’euros HT pour Bouygues Bâtiment Nord Est, entreprise mandataire). Si la livraison est attendue pour cette fin d’année, les travaux se déroulent tambour battant. “Le planning, c’est l'enjeu majeur du programme. C’est notre opération la plus rapide” raconte Raphaël Vasseur, responsable production BBNE. L’environnement hyper urbain avec peu d’accès, coincé entre le périphérique et le métro, impose une logistique très contrainte sans zone de stockage pour les matériaux. Ainsi, les camions de livraison, qui ne peuvent se croiser, suivent par exemple une procédure dédiée pour déposer les matériaux au plus près des usages finaux. Les derniers devraient donc quitter le chantier à horizon 2024, pour une installation progressive des fonctionnaires durant l’année.

Pour tenir la cadence de ce chantier au rythme intense, la préfabrication de certains éléments comme les escaliers est plébiscitée.

Crédit photos : Julie DUMEZ

Rédaction : Julie Dumez