La reconfiguration du musée de plein air de Villeneuve d’Ascq, pilotée par la MEL implique la construction en bois-paille d’un local technique de plus de 1 000 m² de surface de plancher. Un bâtiment démonstrateur à 3,5 millions d’euros conjuguant décarbonation et économies d’énergie.
Chaumières, grange, bergerie, forge… Unique en son genre pour sa collection de logis ruraux des XVII et XVIIIème siècle sauvés de la démolition et remontés in situ, le musée de Plein Air à Villeneuve d’Ascq va bientôt accueillir un nouveau bâtiment patrimonial. Du XXIème siècle cette fois. Bâti comme il y a 400 ans à l’aide de matériaux traditionnels ! Sur le modèle des censes d’antan - ces grandes fermes nordistes en quadrilatère - ce local technique a en effet été conçu (presque) entièrement en bois et en paille. « Si l’on excepte les enduits en terre crue dont le temps de séchage était beaucoup trop long, on veut prouver qu’il est possible de bâtir un bâtiment moderne avec des matériaux constructifs frugaux d’autrefois » résume Jérôme Joseph, architecte de la Métropole européenne de Lille.
Sobriété énergétique
Une aile chauffée, réservée aux techniciens, une aile pour l’hivernage des animaux et deux ailes de stockage. Avec sa cour et ses auvents pour s’abriter de la pluie, le local reprend donc le plan des fermes régionales. À une différence notable : la toiture à un seul pan. Et ce, pour mieux récupérer les eaux de pluie dans les deux cuves de 10 m³ installées dans la cour. Et installer de manière efficiente une toiture végétalisée et des panneaux photovoltaïques.
Une exigence de frugalité que l’on retrouve dans le choix des matériaux. La paille tout d’abord. Un matériau décarboné de sa conception à sa déconstruction, facile à produire, elle finira sa vie au compost sans pollution. « On a particulièrement veillé à l’analyse du cycle de vie (ACV) pour un impact environnemental réduit au minimum » se félicite Jérôme Joseph.
Du chêne local pour le bardage
Le bois ensuite. Le procédé MOB (Mur Ossature bois) s’appuie sur des caissons préfabriqués en atelier de la largeur des bottes de paille (soit les 37 centimètres « en sortie de tracteur »). Les complexes des murs (avec les panneaux, la lame d’air, le bardage…) mesurent en revanche bien une soixantaine de cm d’épaisseur. En épicéa, plutôt qu’en peuplier pour des raisons d’approvisionnement. En revanche, du chêne local a pu être utilisé pour le bardage.
Au final, seuls la dalle et les soubassements sont en béton. « On a cherché une solution en brique, en béton recyclé ou en béton de chanvre, mais ce type de procédés se heurtait aux exigences normatives » explique Matthieu Royer, maître d’œuvre du projet (la MEL est ici maître d’ouvrage et maître d’œuvre du projet).
La ferme des animaux
Exemplaire car « écolo », la ferme du XXIème siècle l’est aussi pour l’attention portée à la biodiversité. Les concepteurs du projet ont travaillé avec en lien étroit avec l’écologue de la MEL. En outre, une étude faune-flore d’un an a été réalisée en 2020 par l'agence Biotope. Prélude à de petits challenges architecturaux tenant compte des usages… des animaux : une plateforme pour les chauves-souris (on appelle ça une chiroptière), des nichoirs pour les oiseaux dans la partie haute le bardage, l’aménagement spécial de l’aile hivernage du bâtiment pour un meilleur nettoyage de la litière à l’aide d’un godet, une évacuation différenciée du tout à l’égout pour l’urine animale… La livraison du bâtiment est prévue en septembre 2025. Il sera temps ensuite de réfléchir à la reconfiguration du bâtiment d’accueil du musée. Dans le même état d’esprit. Local et frugal.
Avec 63 400 visiteurs par an et une fréquentation en hausse de + 16% par an depuis dix ans, le musée de plein air nécessite des adaptations : nouveau bâtiment d’accueil, un réaménagement du stationnement, une meilleure accessibilité vélo et… un local flambant neuf pour les techniciens et les animaux du parc.
L’aile chauffée du bâtiment respecte la RE 2020, sans eau chaude pour les toilettes et les lavabos, avec une ventilation simple flux et, de façon indépendante, une PAC air-eau. Il est possible de prolonger les circuits pour chauffer l’entièreté du bâtiment en cas d’évolution du bâtiment dans ses usages.
Elément porteur de la structure du bâtiment, les caissons en bois accueillant la paille sont fermés d’un côté par un panneau pare-vapeur faisant contreventement, de l’autre, par un panneau pare-pluie.
Avec la plantation de saules têtards et l’aménagement de trois noues pour accueillir l’eau en surface, la pâture autour du site a été pensée pour évoquer la Somme, seule région des Hauts-de-France non représentée jusqu’ici dans le musée.
Fiche technique :
1 140m² de surface de plancher pour 3 420 000 € TTC (dont 520 000 € TTC pour le projet paysager des pâtures environnantes avec raccordement réseaux et création d’accès)
Maître d’ouvrage : direction nature, agriculture et environnement de la MEL
Maître d’œuvre : Direction AMO et maîtrise d’œuvre (MEL)
OPC : HPC / Azimut
BET thermique CVC/électricité : Groupement SOLENER
Gros œuvre : PROVALIBAT / COLAS
Aménagements paysagers, voirie et réseaux divers : IDVERDE
Construction bois et bardage : 2C2B
Menuiserie extérieure : DELEPIERRE
Couverture et étanchéité : NORD FRANCE COUVERTURE
Plâtrerie et menuiserie intérieure : SPIE BATIGNOLLES
Plomberie CVC : SAMIT
Électricité : DELPORTE
Revêtement de sol et carrelage : BATISOL
Peinture : RUDANT ET FILS
Serrurerie : VASSEUR
OPC : Azimut
Contrôle technique : Alpes Contrôles
CSPS Travaux : SQE
BET thermique CVC/électricité : Groupement SOLENER
Contrôle technique : Alpes Contrôles
CSPS Travaux : SQE
Rédaction : Alexandre Lenoir
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